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Remonter le temps

Photo du rédacteur: Florence ClémenteFlorence Clémente


Plus de 450 ans après la naissance de mon plus vieil ancêtre, Nicolas Lebreuil, né vers 1560, une partie de sa descendance s’est rassemblée le samedi 29 juillet 2023. Organisée vingt-trois ans après la dernière, cette sixième cousinade s’est tenue à Antheuil en Côte-d’Or.



Qui n’a jamais eu envie de retrouver ses racines ? Qui n’a jamais eu la curiosité d’en savoir plus sur ses grands-parents, arrière-grands-parents ?


La cousinade, ce grand rassemblement familial permet justement d’aller à la rencontre de ses ancêtres, de découvrir sa généalogie, voire d’écrire ses mémoires et de coucher sur le papier ses souvenirs d’enfance pour laisser à son tour une trace de son passage sur terre et ainsi partager avec les générations futures ce bien inestimable qu’est notre histoire et qui fait partie de la grande Histoire.


Les grandes fêtes de famille ont toujours existé. Pour autant, la cousinade est un phénomène de société récent. D’ailleurs, le mot lui-même « cousinade » est un néologisme, ajouté au dictionnaire seulement depuis 2012 ! Si les cousinades sont tellement tendance, c’est incontestablement lié à nos modes de vie moderne. Autrefois, on vivait dans le même village toute sa vie. Du berceau au tombeau, pourrait-on dire. Souvent, plusieurs générations cohabitaient sous le même toit. Aujourd’hui, la plupart des familles sont éclatées et éparpillées aux quatre coins de la France, voire bien plus loin. D’où ce besoin irrépressible de se retrouver, de se réunir, de se connaitre.


Jean-Claude, cousin germain de mon défunt père, féru de généalogie, est l’un des deux membres fondateurs des cousinades de notre famille. L’autre était mon père, Pierre Lebreuil, un homme aux idées souvent extravagantes, mais assurément en avance sur son temps. En 1988, on ne parlait pas encore de cousinade quand Pierre avait eu cette idée géniale de réunir tous les cousins. Chargeant Jean-Claude de s’occuper des invitations puisqu’il possédait la liste de tous les membres de notre illustre et immense famille et lui, se faisant pourvoyeur de boisson, puisqu’il était vigneron de profession. 1988 vit donc naitre notre premier rassemblement. Puis ce fut 1989, 1995, 1998 et la dernière fut symboliquement fixée à l’an 2000. Toutes ont eu beaucoup de succès et particulièrement celle de 1995 qui fut couverte par un bel article publié dans le quotidien Le Bien Public.


Mais au fait comment tout cela a-t-il commencé ? Dans toutes bonnes histoires, il y a un élément déclencheur et l’addiction à la généalogie qui court maintenant sur trois générations, a commencé avec Gaston Lebreuil, le père de Jean-Claude.


Quand Madeleine Lebreuil a souhaité prendre pour époux un certain Gaston Lebreuil en 1929, le curé de son village natal - Antheuil - a forcément sérieusement tiqué et avant d’accepter de procéder aux épousailles de ces deux Lebreuil, il se plongea méticuleusement et longuement dans les archives paroissiales. Finalement, ne trouvant aucun lien de parenté, il les maria tout de même. Intrigué, Gaston le fut tout autant et à son tour, il va prendre la chose au sérieux en fouillant durant de nombreuses années les archives communales, en vain. Pour autant, au fil du temps, il va accumuler un nombre impressionnant de documents issus de ses recherches qui permettront d’élaborer les premiers arbres généalogiques des différentes familles du village de son épouse. Sans jamais trouver la réponse qu’il cherchait depuis des années, il transmettra un jour à son fils Jean-Claude un volumineux dossier en disant simplement : « Tiens, à toi de continuer ».

Des années de recherche plus tard et des kilomètres de microfilms avalés, Jean-Claude parviendra à relier ensemble plusieurs arbres et surtout à découvrir le lien généalogique de son père et de sa mère, se situant aux alentours de 1730. Le virus de la généalogie l’ayant depuis longtemps happé, il ne pouvait pas s’arrêter là. Jean-Claude marchait dans les pas de son père et au fur et à mesure de ses découvertes, l’envie se fit de plus en plus forte, d’aller à la rencontre de ses ancêtres, des ancêtres de notre famille. Bien des années plus tard, avec l’ouverture des archives départementales et l'accès à tous les sites de généalogie en ligne, il nous apprendra que le village d’Antheuil est le cœur de notre famille, la genèse, le commencement de tout, puisque c’est ici qu’est recensé le plus grand nombre de Lebreuil au monde et c’est aussi très certainement en ce lieu qu’est né notre nom de famille. C’est dans ce village minuscule plein de trésors cachés et confit de légendes que les racines de notre famille ont été plantées, il y a de nombreuses générations.


Quelle aventure prodigieuse que de pouvoir remonter le temps ! Et surtout, quelle joie que de la vivre ensemble lors d’une journée si particulière ! Une cousinade est donc bien plus qu’une simple réunion familiale. C’est un retour aux sources qui permet de rendre hommage à ses ancêtres, mais pas seulement, c’est aussi une occasion spéciale qui permet de rencontrer les cousins éloignés ou inconnus, et de renouer les uns avec les autres.


Cette journée nous immerge dans notre passé, elle nous fait remonter le fil du temps et des générations et permet de savoir d’où l’on vient. La généalogie en est le fil conducteur et nous permet de découvrir nos ancêtres, l’histoire de notre famille, afin d’enraciner notre propre histoire. Après ce genre d’évènement, qui n’a pas envie de devenir à son tour le gardien de cet héritage immatériel et unique qu’est la mémoire de sa famille et transmettre le patrimoine de son histoire à travers l’écriture de ses mémoires aux générations futures… ?




Florence Clémente – Écrivain | Biographe

- Août 2023 -


Cousinade 1995 - Antheuil - Côte d'Or - Bourgogne-Franche-Comté

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