'' N'abandonne jamais ''
Dernière mise à jour : 26 mars 2023
Extrait du livre autobiographique de Geneviève Reynaud
Partie 2 - Si j’avais été un garçon
[...] L’entreprise de mon père, c’était ma boite, c’était chez moi, c’était à nous. Que ce soit dans la bourrellerie de mon grand-père ou dans les ateliers de mon père derrière la maison. Je n’avais pas imaginé que j’y travaillerais un jour. Je n’avais pas imaginé travailler ailleurs non plus. J’ai toujours vu mon grand-père et mon père travailler. Le travail c’était leur vie, une seconde nature chez eux. Tout naturellement, j’en fus imprégnée moi aussi, ayant grandi entre ces deux hommes. Trois même, si l’on compte René. Ils m’ont certainement transmis des valeurs masculines. Force, courage, débrouillardise et indépendance. À quinze ans, je suis très mature et je raisonne déjà plutôt vite pour une jeune fille de mon âge.
À cette époque, mon beau-frère Jean-Claude va avoir la chance de sa vie, le truc qui n’arrive quasiment jamais à part dans les films. Il va subitement toucher le pactole en héritant d’une tante aux États-Unis. Quelle aubaine ! Pour lui et pour mon père également, car à ce moment-là, Jacky souhaite développer la petite exploitation familiale. J’ai vite compris que si mon beau-frère investissait dans l’entreprise Reynaud, ce ne serait plus comme avant, je ne serais plus chez moi. J’ai aussitôt mis en garde mon père : « Ne fais pas ça. Ne t’associe pas avec lui ! Sans quoi, un jour, je serais obligée de partir… ». J’étais bien naïve de croire que Jacky pouvait prendre en compte les élucubrations d’une gamine de mon âge !
Jean Claude était originaire de Branges. Ouvrier, il travaillait à Sochaux lorsqu’il avait un jour rencontré ma sœur dans le train qui l’emmenait à Paris. Après leur mariage en 1967, Josette était rapidement tombée enceinte. Elle souhaita alors revenir sur Louhans, se rapprocher de sa famille. Ce qui fut fait en mai 1968. Ils sont d’ailleurs revenus de Paris par le bus, car il n’y avait plus aucun train à cause des événements. Jean-Claude devait retrouver un travail rapidement, il est donc entré tout naturellement dans l’entreprise familiale en juin de la même année, d’abord comme salarié. Peu de temps après, il a hérité de la fameuse tata d’Amérique. Avec un pied dans la place et beaucoup d’argent, ce fut très facile pour lui de convaincre mon père. Jean-Claude investissait dans l’entreprise et devenait ainsi actionnaire. Quatre ans après, naissait la SA Reynaud Bâches, sept associés dont mon père et son gendre.
J’aurais certainement dû désobéir et aller travailler chez Lameloise. Ma vie aurait peut-être été tout autre. Août 1972, je commençais à travailler chez Reynaud, sur le site de Lyon. Jeune, sans aucune expérience, j’appris sur le tas. J’étais curieuse, avide d’assimiler ce savoir-faire et très investie. Tout compte fait, cela me plaisait et je me pris au jeu. Comme mon grand-père et mon père, je respectais beaucoup le travail et comme eux, je ne comptais pas mes heures, donnant le meilleur de moi-même. Je me souviens que je passais du temps à observer les ouvriers qui travaillaient. J’apprenais en les regardant. Gravitant d’un poste à l’autre, je finis par bien appréhender toutes les étapes de la fabrication jusqu’à la vente finale. Le processus n’avait plus de secret pour moi et bientôt, je fus capable de décortiquer les plans, de prendre les mesures pour les devis, puis de démarcher les clients et enfin, de vérifier les achats, les ventes, les marges. L’aspect manuel du travail me fascinait et j’étais également douée et instinctive pour le commerce. Mon unique lacune étant la comptabilité bien que ce soit ma formation initiale. Toutefois, quand un client devait de l’argent, je fonçais tête baissée et je ne le lâchais pas.
En 1978, changement d’ambiance, puisque cette fois je me retrouvais au sein de la société mère, à Louhans. Il ne fut pas aisé de trouver ma place, d’autant que ma fonction était secrétaire de direction. Cela m’a au moins octroyé le privilège d’avoir le statut de cadre. Indubitablement, les employés ne m’ont pas fait de cadeaux, bien au contraire. J’ai dû prouver à maintes reprises mes compétences et travailler encore plus pour parvenir à m’imposer. Curieuse et intéressée, j’ai touché un peu à tout. J’étais adroite pour exécuter les plans. Je savais chiffrer les devis. J’assumais plusieurs fonctions, répondant au téléphone, vérifiant les factures d’achat en provenance de nos autres agences, pointant les impayés. Au siège, nous étions trois personnes dans les bureaux pour vingt-cinq dans les ateliers. J’étais assez libre dans mon travail et de temps à autre, il m’arrivait de retirer mes escarpins pour aller aider les ouvriers dans les ateliers. Tous les postes de l’entreprise m’intéressaient, mais ma préférence allait au commerce. J’aimais le contact, la relation avec les clients. Je me souviens de l’un d’entre eux, c’était Saint-Gobain à Vienne que j’avais reçu personnellement. J’avais ensuite pris l’initiative de me rendre sur le terrain accompagnée toutefois d’un ouvrier pour prendre les mesures. À notre retour et une fois les plans décortiqués, j’avais pu établir le devis. Lorsque mon père s’en est rendu compte, il a aussitôt dit : « Halte là, mais c’est pas une histoire de femme ça » ! Il a tenu à y retourner lui-même. J’ai fortement insisté pour l’accompagner. Évidemment, il s’est présenté chez Saint-Gobain en terrain conquis. Je me tenais à ses côtés, pourtant je me suis sentie totalement transparente à ce moment-là. Une autre anecdote me revient également. Un premier avril, une société nous avait contactés pour un devis de cinq cents stores. De petits stores pour caravanes ou camping-car. Persuadé qu’il s’agissait d’un canular, mon père n’arrêtait pas de me railler. En définitive, nous avons bien validé cette commande qui était loin d’être la commande du siècle, mais cela ne cloua pas le bec de Jacky, bien au contraire. Il disait à qui voulait bien l’entendre que Reynaud avait eu la plus grosse commande de stores. Jamais il n’a révélé que c’était moi qui avais décroché ce client. Impossible pour lui d’admettre que j’avais le sens des affaires. Malgré cette adversité, dans l’ensemble, cela se passait plutôt bien avec mon père, enfin pour ce qui concerne le travail. Quand nous n’étions pas d’accord sur un point, nous en discutions. Nous arrivions à nous comprendre, mais avec Jean-Claude, cela n’a jamais été possible. J’étais méfiante vis-à-vis de lui depuis le début. Il devait surement le sentir. Il était inenvisageable que nous travaillions ensemble au risque de nous battre.
Je me souviens de ce jour où je partais avec mon fils à la montagne. Je m’étais arrêté dans les locaux de l’entreprise à Lyon afin d’aller saluer les employés et discuter avec eux. Ce jour-là, je croisais un homme que mon père me désigna comme étant le nouveau secrétaire. Un homme secrétaire cela pouvait paraitre incongru, mais mon père avait des idées bien arrêtées sur la place des femmes dans le milieu professionnel. Il préférait un homme, car il ne voulait pas être embêté par les bonnes femmes, comme il disait, prétextant qu’elles faisaient souvent des gosses ! Avant même de l’avoir salué, j’ai aussitôt pensé que celui-là allait tout foutre en l’air. Je ne suis pourtant pas Bernadette Soubirous, mais cela m’a traversée. Un ressenti ultra négatif. À peine, je l’avais aperçu, qu’instantanément je me suis fait la réflexion qu’il devait partir sur-le-champ. En rentrant de vacances, j’ai fait part de mes réticences et de ma mauvaise impression à mon père qui n’a rien voulu entendre. Il m’a dit : « C’est ton beau-frère qui l’a embauché, il l’apprécie ». Il n’y avait rien à ajouter, rien à discuter. Ma parole n’avait jamais beaucoup de poids. Eric était un homme cavaleur, ni moche ni beau, mais retors. Par la suite, j’appris qu’il faisait la bringue avec mon beau-frère. Autant mon père pouvait reconnaitre mes compétences et ma force de travail, autant ma voix était insignifiante. Si j’avais été un garçon, l’histoire de l’entreprise Reynaud aurait probablement pris une tournure différente. Jean-Claude ne serait sans doute jamais devenu actionnaire.
Un jour, Jacky avait pris sous son aile un jeune apprenti d’environ quatorze ans. Il se mit à lui apprendre le métier comme si c’était son propre fils. Jamais il ne l’avait fait avec moi alors que je n’attendais que ça ! Mon père ne m’a jamais rien appris et je crois qu’il ne me faisait pas confiance parce que j’étais une femme. Pourtant, j’ai un caractère bien trempé, je suis une dure à cuire. Mais il m’a évincée. Si Jean-Claude ne s’était pas trouvé au bon endroit au bon moment, mon père aurait destiné l’entreprise à son petit-fils Olivier. Jacky était devenu grand-père relativement jeune puisqu’il avait quarante-cinq ans lorsque Philippe, le fils ainé de ma sœur, vint au monde. Dans un premier temps, Jacky misa beaucoup sur lui. Il voyait en lui le digne successeur de l’entreprise. Le seul bémol était que Philippe était souvent instable, imprévisible, faisant des siennes. Ma sœur ne faisait rien pour le tempérer ou le canaliser et mon père n’osait affronter sa fille ainée. N’ayant que peu d’affinités avec son deuxième petit-fils Julien qui était le chouchou de ses parents, Jacky reporta alors toute son attention sur Olivier qui obtint toutes les faveurs. Il n’avait d’yeux que pour lui. Il lui fallait un héritier mâle, compétent ou pas. Il lui fallait le garçon pour perpétuer dignement l’entreprise. Cela avait une importance capitale à ses yeux. Olivier qui assistait régulièrement à nos conversations concernant la société avait un jour rétorqué : « Moi je ne veux pas y travailler. Y a trop d’histoires… ».
Hélas, une femme à la tête de l’entreprise n’était absolument pas envisageable pour Jacky. Le concernant, elles n’étaient bonnes qu’à s’occuper de la maison et des enfants. Je n’affirme pas que j’aurai réussi à conserver ce patrimoine, à le faire prospérer, mais ce dont je suis certaine, c’est que j’avais la même approche que mon père, le même sens des affaires que lui, le même instinct. Il a préféré laisser l’entreprise à son gendre.
Jean Claude n’envisageait pas les choses de la même manière que nous. Il ne voulait que des gros clients. Alors que mon père privilégiait le fait d’en avoir dix petits et un gros. Ce n’est qu’une histoire de marge commerciale. Les petits clients sont fidèles et réguliers, mais on gagne moins d’argent qu’avec un gros client. L’inconvénient majeur des gros clients c’est que vous ne leur êtes pas indispensable et ils vous claquent dans les doigts du jour au lendemain. Jean-Claude méprisait les petits clients, au contraire de Jacky qui les choyait. Et puis la concurrence s’est installée au fil du temps. Forcément, ce qui devait arriver arriva. Le plus gros client de Jean-Claude finit par le lâcher et à partir de ce moment-là, les événements s’enchainèrent.
Mon beau-frère s’était également très mal entouré. Eric, le secrétaire particulier, était devenu son bras droit et le suivait comme son ombre. C’était un homme malhonnête qui finit par réussir à devenir indispensable. Jean-Claude ne pouvait plus se passer de lui. Si bien qu’il lui confia la responsabilité d’installer l’informatique dans tous les locaux de l’entreprise. Inévitablement, lors de chaque panne, on faisait toujours appel à lui. Tous les deux faisaient flamber la carte bancaire de l’entreprise, c’était week-ends, soirées, fiestas. Des bouteilles de champagne à mille francs. Évidemment, ces deux-là m’avaient pris en grippe, car j’avais découvert toutes leurs manigances et l’argent qu’ils dilapidaient à tort et à travers. Ils vivaient sur le dos de l’entreprise. De mon côté, j’avais accès à tout. Factures, notes de frais, etc. J’ai commencé d’investiguer, de chercher et j’ai fini par trouver. Je restais tard le soir, tentant pour tous les moyens de redresser ce qui pouvait l’être. J’étais dépitée par ce que je découvrais. Cet Eric était vraiment un homme malsain et il entrainait Jean-Claude qui ne se faisait pas prier, dans son sillage.
Quand parfois, j’arrivais à faire prendre conscience à mon père de dérives trop graves, il partait les sermonner. Les deux compères n’en avaient absolument rien à faire. Ils attendaient que l’orage passe. Mon père revenait, satisfait de lui, en me disant : « Alors là, je les ai bien engueulés, c’est bon, c’est réglé ». Mais évidemment, cela ne durait qu’un temps. Pendant quelques semaines, Jean-Claude et Eric se tenaient un peu tranquilles puis rebelote, ils recommençaient leurs frasques. Les factures étaient gonflées, les marges étaient minables, les dépenses inconsidérées. Pendant des mois, je tentais de raisonner mon père. Il était vital qu’il se débarrasse de ce type et surtout qu’il remette la société d’aplomb au risque de la voir péricliter. J’étais persuadée au fond de moi que je finirais par le convaincre, je ne voulais pas lâcher l’affaire, il était hors de question que j’abandonne. Si j’avais su que c’était une cause perdue…
Je me souviens que je n’avais pas le droit d’assister aux réunions importantes, comme celles avec les comptables, notamment. Mon père me disait : « Je te dirais ce qu’ils ont dit ». Il craignait par-dessus tout que je dise ce qu’il y avait à dire, que les autres taisaient. Je ne comprends toujours pas aujourd’hui, avec le fort caractère dont mon père était doté, qu’il était incapable de faire preuve d’autorité face à mon beau-frère qui ne valait rien et son bras droit qui était complètement tordu. Je ne comprendrais jamais. Pourtant il savait, il avait conscience de ce qui se passait, mais il n’a rien fait pour changer ça. Maintes fois, je suis revenue à la charge. Maintes fois, j’ai prévenu mon père que ça allait mal tourner. J’ai tout tenté, le mettant en garde afin qu’il protège son entreprise. En vain. Cela m’a brisée, car chaque fois je me suis heurtée à un mur. La voix d’une fille, de sa propre fille ne comptait pas et même si au fond de lui, il savait que j’avais sans doute raison, il n’a jamais été dans mon sens. En laissant les mains libres à son gendre, il sciait la branche ou plutôt l’arbre sur lequel il était assis, il mettait en péril tout ce qu’il avait construit, tout ce que son propre père avait créé, des années d’un labeur acharné ! Cela m’a détruite de voir le patrimoine familial se désagréger d’années en année. Je me battais contre trois hommes. Autant me battre contre des moulins à vent. L’entreprise dépérissait et je dépérissais avec elle. Je n’arrivais plus à manger. Je ne dormais plus la nuit […]
[…] Je quittais définitivement l’entreprise en 1990. Je déménageais pour la Drôme. Six à huit mois après, début 1991, mon père quittait l’entreprise à son tour. Il avait alors soixante-neuf ans. Après notre départ à tous les deux, ce fut la débâcle. L’entreprise poursuivit sa chute infernale et interminable et je continuais à distance de sombrer avec elle […]
[…] Impuissante, j’assistais de loin à l’effondrement de ce qui avait été un des fleurons de l’entrepreneuriat louhannais. Une entreprise qui si elle avait continué de prospérer aurait pu ressembler aujourd’hui à ce qu’a créé un certain Dominique P. Pour l’anecdote, Dominique P. à l’époque ne possédait qu’un seul et unique camion et lui aussi venait chez Reynaud Bâches. « Nanou, j’amène mes sangles à réparer », disait-il avec son inimitable accent bressan. « Ben t’sais j’en ai faute, hein, faut te dépêcher » ! Ce qui voulait dire, j’en manque, j’en ai vraiment besoin. Du coup, j’avais surnommé Dominique : J’en ai faute et Olivier alors petit, pensait que c’était son vrai nom. Quand il l’apercevait, il disait : « Y a Jean Néfaute qui est là » !
Mon père a fait confiance à des hommes pour diriger son entreprise et ses agences et toutes ont disparu. Des hommes qui savaient le flatter sans doute. Il aurait peut-être mieux fait de faire confiance à sa fille. Dieu seul sait le nombre de fois où j’ai rué dans les brancards, toujours en vain. L’entreprise a tout d’abord été mise sous surveillance, mais cela n’a pas empêché Jean-Claude de poursuivre dans cette voie de destruction massive. Durant toute cette période, j’étais au courant de l’état de l’entreprise. Je l’ai vue péricliter. Certains employés avec lesquels j’avais gardé des contacts me racontaient. Cela me brisait le cœur d’assister à ce naufrage. Le 4 janvier 2004, la société a déposé le bilan. L’entreprise fut vendue pour un euro symbolique. La SA Reynaud Bâches n’existait définitivement plus. Autant j’en fus anéantie, autant mon père, je ne sais pas. Il n’a pas eu de réaction. Enfin, pas la réaction que j’attendais. Ce fut un moment terrible pour moi, mais en même temps, j’en fus aussi soulagée. Je ne m’étais pas trompée, j’avais eu raison dès le début. Pendant des années, j’ai été intimement persuadée que cette entreprise me reviendrait un jour. J’ai tout donné pour elle, j’ai lutté envers et contre tous, j’ai sacrifié une partie de ma vie pour elle, jusqu’à me mettre en danger.
Longtemps après, quand mon père fut bien plus âgé, je tentais d’aborder avec lui ce sujet. Chaque fois, il esquivait la discussion ou bottait en touche. Pourtant et en de nombreuses circonstances, il m’avait demandé mon avis, enfin il me demandait mon avis souvent quand ça l’arrangeait. Il me savait intuitive, il connaissait mon jugement plutôt fiable. Malgré tout, cela n’avait jamais suffi pour qu’il me confie les rênes de l’entreprise. Je suis revenue à la charge plusieurs fois et un jour au détour d’une conversation un peu plus tendue que d’habitude, je lui ai clairement expliqué tout ce que j’avais fait pour l’entreprise et surtout jusqu’où j’étais allée. Il ne m’a jamais crue. Mon père a toujours été très dur avec moi. Aujourd'hui encore, diminué et affaibli, il reste toujours le même. Autoritaire, brusque, impérieux. L'autre jour, alors que nous nous promenions dans la rue des Arcades, il m'a presque engueulée parce qu'il était trop secoué dans son fauteuil roulant ! Que puis-je y faire si tout est pavé dans cette rue ?
Je ne sais pas si mon père à des regrets ou des remords. J'aurais aimé qu'on parle de tout ça tous les deux, mais cela ne s'est jamais fait. Il n’a rien dit quand j’ai quitté l’entreprise. Même s’il n’a pas fait le moindre geste pour me retenir, en ce qui me concerne, je ne le lâcherais pas.
Pendant très longtemps, ce fut un regret terrible de ne pas avoir pu sauver cette société. Jusqu’à ce qu’elle dépose le bilan. Après cela, j’ai tourné la page bien que j’eusse préféré continuer d’en écrire l’histoire.
Un jour, j’ai dit à mon père :
— De toute façon, tu ne m’as jamais fait confiance. Et si j’avais été un garçon » ?
— Possible, m’a-t-il répondu.
[…]
Récit autobiographique écrit par Geneviève Reynaud en collaboration avec Florence Clémente - CVOTREHISTOIRE | Février 2023

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